Les entreprises ont longtemps cherché à collecter un maximum de données. Mission accomplie : aujourd’hui, elles en ont à revendre… parfois même un peu trop. Le défi n’est plus de remplir le frigo, mais de savoir quoi cuisiner avec tout ce qu’il contient, sans laisser les meilleurs ingrédients se perdre au fond.
C’est là qu’entrent en scène deux approches souvent citées : la Data Fabric et le Data Mesh. Elles poursuivent le même objectif – rendre la donnée accessible et utile – mais leurs méthodes diffèrent : l’une se concentre sur l’infrastructure, l’autre sur l’organisation.
Dans cet article, on décortique ces deux concepts pour aider les métiers à y voir clair et à comprendre comment les utiliser – séparément ou ensemble – pour vraiment tirer parti de leurs données.
Ce n’est pas un produit que vous installez en un clic, mais plutôt une architecture composable : un ensemble de briques technologiques qui mettent de l’ordre dans votre écosystème de données et fluidifient la circulation de l’information entre ERP, CRM, fichiers Excel oubliés et données IoT.
La Data Fabric, c’est un peu comme un réseau de routes intelligentes reliant toutes les villes de votre empire de données. Pas une de ces vieilles cartes papier où l’on se perd à la première intersection, mais un système GPS qui vous guide en temps réel.
Ses points forts, détaillés :
Pour les métiers, la promesse est simple : un accès centralisé et fiable à l’information, sans dépendre systématiquement des équipes techniques. Pas besoin d’envoyer un ticket Jira et d’attendre trois semaines pour récupérer un export : la donnée est disponible, prête à être exploitée dans un rapport, une analyse ou un tableau de bord.
Le Data Mesh, c’est dire : « arrêtons de tout centraliser, faisons confiance aux équipes ».
Plutôt qu’une tour de contrôle qui décide de tout et finit débordée, le Data Mesh permet aux métiers de gérer leurs données. On passe d’une file d’attente IT à un modèle où chaque domaine est responsable : produire des données fiables, les documenter et les rendre accessibles aux autres.
Les quatre principes clés :
Pour les métiers, c’est un vrai changement de posture : on ne subit plus la donnée, on la pilote. Les décisions sont plus rapides, les informations plus fiables, et les équipes se sentent actrices plutôt que spectatrices. Et ça, ça change l’ambiance dans l’entreprise (et les réunions deviennent moins longues – ce qui est déjà une victoire).
Ces deux concepts poursuivent le même but : rendre la donnée plus simple à trouver, à comprendre et à utiliser. Mais ils n’empruntent pas le même chemin.
Voici un comparatif clair, pour éviter les débats sans fin en réunion :
La Data Fabric règle vos problèmes techniques, le Data Mesh règle vos problèmes organisationnels. Et comme la plupart des entreprises ont des problèmes des deux côtés, il n’est pas rare que les deux approches cohabitent… et ça fonctionne plutôt bien.
Prenons d’abord le cas d’une entreprise mondiale qui souhaite suivre en temps réel l’état de ses stocks répartis sur cinq continents. Grâce à la Data Fabric, toutes les sources de données – entrepôts régionaux, systèmes ERP, bases logistiques – sont connectées dans un seul environnement cohérent. Les équipes supply chain disposent alors d’un tableau de bord unique, capable de leur montrer en quelques secondes où se trouvent les produits, quelles zones risquent la rupture et comment réagir avant que les magasins ne soient vides.La planification devient plus agile, les décisions plus rapides et les clients moins frustrés de trouver un rayon vide.
À l’inverse, imaginons une banque qui veut améliorer la qualité de ses données clients pour respecter la conformité et mieux personnaliser ses services. Plutôt que de tout centraliser dans un service IT surchargé, elle adopte le Data Mesh et responsabilise ses départements. Chaque équipe – conformité, risque, KYC – devient propriétaire de ses données et publie des data products fiables et documentés, prêts à être utilisés par d’autres. Les autres départements peuvent les consommer sans friction, les analyses sont plus pertinentes, les décisions plus rapides et les équipes arrêtent de perdre du temps à se demander quelle version du fichier client est la bonne.
Bonne nouvelle : pas besoin de lancer une pièce en l’air pour décider quelle approche adopter. Si votre principal défi est de casser les silos techniques et de donner un accès unifié à toutes vos données, la Data Fabric est votre meilleure alliée. Elle agit comme une autoroute bien construite, fluide et rapide, où l’information circule sans embouteillages et où chaque métier peut enfin voir la même version de la vérité, sans débats interminables sur « quel fichier est le bon ».
En revanche, si votre priorité est d’impliquer les métiers et de leur donner les clés pour gérer leurs données comme des pros, le Data Mesh sera plus adapté. C’est l’équivalent de distribuer des voitures à chaque domaine, en leur disant : « voilà la route, vous êtes responsables de l’entretien et de la destination ». Ainsi, plus d’autonomie, plus de responsabilité et moins de dépendance vis-à-vis d’une équipe IT centrale.
Et si vous hésitez encore, rassurez-vous : il n’y a aucune obligation de choisir un seul camp. Beaucoup d’organisations font le pari de combiner les deux : la Data Fabric pour bâtir le réseau d’infrastructure qui connecte les données entre elles, et le Data Mesh pour donner aux équipes la liberté de conduire leurs propres initiatives. Cela permet de réduire les frictions, d’améliorer la collaboration et de faire avancer les projets data à la vitesse du business – sans laisser personne sur le bas-côté.
Pour les métiers, comprendre la différence entre Data Fabric et Data Mesh n’est pas un exercice théorique à réserver aux architectes data. C’est un sujet très concret : de ce choix dépend la façon dont ils accèderont demain à leurs données, la rapidité avec laquelle ils prendront des décisions et, soyons honnêtes, le nombre de réunions où ils devront dire « je n’ai pas les bons chiffres ».
Ces deux approches ne sont pas des rivales qui se disputent la couronne de l’architecture idéale. La Data Fabric offre un socle technique robuste, qui centralise et simplifie l’accès aux données, tandis que le Data Mesh apporte une logique organisationnelle qui responsabilise les équipes et rend la donnée plus vivante, plus proche de ceux qui en ont besoin. L’une construit les routes, l’autre met les conducteurs au volant.
En réalité, la plupart des entreprises ont besoin des deux : un réseau bien conçu pour connecter toutes les sources, et une gouvernance décentralisée pour éviter que les décisions ne stagnent au sommet. Ensemble, elles permettent de transformer les données en un véritable carburant de performance, capable d’accélérer vos projets, d’éclairer vos choix stratégiques et, pourquoi pas, de réduire la frustration des collaborateurs face à des données introuvables.
Bref : la bonne question n’est pas “Data Mesh ou Data Fabric ?” mais “comment les combiner intelligemment pour tirer le meilleur de nos données ?”. Et ça, c’est un sujet qui mérite d’être mis sur la table lors de votre prochain comité data – promis, ce sera plus passionnant que la discussion sur le budget des licences.