DATA QUALITY
22/10/2025
Audit qualité des donnéesPhoto de Marie de Vesvrotte
Marie de Vesvrotte
Responsable Marketing

Audit de qualité des données : 5 KPI à suivre absolument

Sans données fiables, aucune analyse ne tient, aucune automatisation ne fonctionne et aucune décision n’est pleinement éclairée. C’est pourquoi l’audit de qualité des données s’impose comme une étape incontournable de toute stratégie data mature.

Mais auditer ses données ne suffit pas : encore faut-il mesurer objectivement leur fiabilité. C’est ici qu’interviennent les KPI de qualité des données, de véritables indicateurs de pilotage qui permettent d’évaluer, suivre et améliorer la qualité dans la durée.

Comprendre l’audit de qualité des données

Un audit de qualité des données vise à évaluer l’état de santé du patrimoine informationnel d’une entreprise. Il ne s’agit pas simplement de détecter des erreurs, mais d’analyser les causes, les impacts et les leviers de correction.

Il répond à des questions simples, mais structurantes :

  • Les données collectées sont-elles complètes et exactes ?
  • Sont-elles cohérentes entre les différents systèmes ?
  • Sont-elles à jour et exploitables par les métiers ?
  • Et surtout : leur niveau de qualité permet-il de soutenir les objectifs stratégiques de l’entreprise ?

L’audit combine donc des analyses techniques (profiling, règles d’intégrité, contrôle des doublons…) et des analyses métier (pertinence, usage, valeur). Pour être efficace, il doit s’inscrire dans une démarche continue, soutenue par des indicateurs de performance stables et partagés.

Pourquoi suivre des KPI de qualité des données ?

Mesurer la qualité des données, c’est transformer une perception en fait objectif. Trop souvent, les organisations se reposent sur une intuition — “nos données ne sont pas fiables” — sans savoir réellement pourquoi. Les KPI viennent objectiver cette intuition et orienter les priorités.

Les KPI de qualité des données permettent de :

  • Évaluer l’état de santé du patrimoine informationnel : détecter les doublons, les données manquantes ou obsolètes.
  • Prioriser les actions correctives : concentrer les efforts sur les domaines à fort impact métier.
  • Suivre les progrès dans le temps : mesurer l’efficacité des plans d’amélioration.
  • Créer une culture de la qualité : sensibiliser les équipes aux enjeux concrets de la donnée.

Un audit de qualité bien mené ne vise donc pas à pointer les erreurs, mais à instaurer un processus continu de fiabilisation.

Les 5 KPI essentiels à suivre pour la assurer la qualité des données

1. Le taux de complétude : mesurer les données manquantes

Le taux de complétude indique dans quelle mesure les champs essentiels d’une base sont renseignés. Une donnée incomplète (adresse client sans code postal, facture sans date, etc.) peut compromettre une décision ou fausser une analyse.

Pourquoi c’est important :

Une donnée partielle perd sa valeur opérationnelle. Le taux de complétude permet de savoir si les équipes alimentent correctement les systèmes et si les processus garantissent une collecte exhaustive.

Comment le mesurer : 

Taux de complétude = (Nombre de valeurs renseignées / Nombre total de valeurs attendues) × 100

Un taux inférieur à 95 % sur des données critiques doit alerter : il traduit un défaut de saisie, de collecte ou de gouvernance.

2. Le taux d’exactitude : vérifier la fiabilité des informations

Le taux d’exactitude mesure le pourcentage de données correctes par rapport à une source de référence fiable. Par exemple, une base client peut contenir 10 % d’adresses obsolètes, ou un ERP peut référencer des produits à des prix dépassés.

Pourquoi c’est important :
Des données inexactes entraînent des erreurs opérationnelles, des campagnes marketing inefficaces ou des décisions financières biaisées.

Comment le mesurer :

Taux d’exactitude = (Nombre de valeurs correctes / Nombre total de valeurs vérifiées) × 100

L’objectif est d’atteindre une exactitude proche de 100 % sur les données critiques, comme les identifiants uniques, les prix ou les informations de contact.

3. Le taux d’unicité : identifier les doublons et incohérences

Le taux d’unicité reflète la proportion de données non dupliquées dans un jeu de données. C’est un indicateur clé pour la qualité des référentiels (clients, produits, fournisseurs…).

Pourquoi c’est important :
Les doublons entraînent des erreurs d’interprétation, gonflent artificiellement les volumes et faussent les indicateurs de performance.

Comment le mesurer :

Taux d’unicité = (Nombre d’enregistrements uniques / Nombre total d’enregistrements) × 100

Un audit de qualité efficace doit intégrer un processus de déduplication automatisé et documenté, souvent piloté par le Data Steward.

4. Le taux de cohérence : vérifier la logique entre les données

Le taux de cohérence évalue si les relations entre les données respectent les règles métier définies. Par exemple, une commande ne peut pas être datée avant son enregistrement, un employé ne peut appartenir à deux départements à la fois.

Pourquoi c’est important :
Des incohérences nuisent à la crédibilité des systèmes d’information et peuvent masquer des anomalies graves.

Comment le mesurer :

Taux de cohérence = (Nombre de valeurs cohérentes / Nombre total de valeurs testées) × 100

Les outils de data profiling ou de contrôle d’intégrité (comme KNIME, Talend ou Informatica) permettent de détecter automatiquement ces incohérences.

5. Le taux d’actualité (ou fraîcheur) : garantir des données à jour

Le taux d’actualité mesure la proportion de données récentes, c’est-à-dire dont la date de mise à jour est encore valide au regard du cycle de vie métier.

Pourquoi c’est important :
Une donnée juste mais obsolète reste inutile. Ce KPI est crucial dans les domaines où les informations changent rapidement (tarifs, effectifs, stocks…).

Comment le mesurer :

Taux d’actualité = (Nombre de données à jour / Nombre total de données) × 100

Une actualisation régulière des données — via des processus automatisés ou des rappels de mise à jour — garantit la pertinence des analyses.

Comment interpréter ces indicateurs ?

Ces cinq KPI ne doivent pas être lus isolément. Ils composent une vision d’ensemble qui révèle les forces et faiblesses du système d’information.
Un bon audit de qualité des données s’appuie sur :

  • Des seuils de tolérance adaptés au contexte métier (certaines données peuvent tolérer une marge d’erreur).
  • Une analyse des causes racines : comprendre pourquoi une donnée est erronée (processus, saisie, outil…).
  • Un suivi dans le temps : mesurer les progrès après chaque action corrective.

Les entreprises les plus matures intègrent ces indicateurs dans un tableau de bord de qualité des données, partagé entre métiers, IT et Data Office.

Construire un tableau de bord de la qualité des données

Ces cinq indicateurs prennent tout leur sens lorsqu’ils sont regroupés dans un tableau de bord de qualité. Celui-ci permet de :

  • Visualiser la qualité globale par domaine (clients, produits, RH, finances…).
  • Identifier rapidement les points de dégradation.
  • Suivre les tendances dans le temps.
  • Mettre en évidence les succès des plans d’amélioration.

💡 Conseil Limpida :

Privilégiez une lecture par finalité métier plutôt que par système. Un score de qualité n’a de valeur que s’il reflète un usage concret. Il est souvent plus utile de savoir que “les données clients utilisées pour la facturation sont fiables à 98 %” que d’obtenir un indicateur générique sur l’ensemble de la base

Les meilleurs tableaux de bord intègrent également une dimension temporelle : distinguer les erreurs historiques (héritées du passé) des anomalies récentes permet de mesurer l’efficacité des actions correctrices.

Le rôle du Data Steward dans le pilotage des KPI

Le Data Steward est le chef d’orchestre de la qualité des données.
C’est lui qui définit les règles de mesure, conçoit les contrôles, documente les anomalies et anime la démarche d’amélioration continue.
Il collabore étroitement avec le Data Owner pour traduire les exigences métiers en critères mesurables, et avec le Data Custodian pour s’assurer que les règles sont techniquement implémentées dans les systèmes.

Dans les organisations avancées, les KPI de qualité ne sont plus de simples métriques, mais de véritables leviers de gouvernance. Ils alimentent les comités data, orientent les budgets d’amélioration et favorisent la responsabilisation des métiers vis-à-vis de la donnée.

💡 Conseil Limpida :

Soyez prudents avec les scores globaux : un taux de qualité élevé n’a de sens que s’il est corrélé à un objectif métier concret. Il est souvent plus utile de savoir si les erreurs sont récentes ou historiques, que d’obtenir un score flatteur mais peu exploitable.

De la mesure à la transformation

Mesurer la qualité des données n’est pas une fin en soi. C’est le point de départ d’une transformation durable.
Une entreprise qui suit ses KPI de qualité des données apprend à :

  • Mettre en place une culture de la donnée responsable, où chacun comprend son rôle.
  • Améliorer ses processus en corrigeant les causes plutôt que les symptômes.
  • Renforcer la confiance des décideurs et des utilisateurs dans les analyses produites.
  • Optimiser la performance globale : moins d’erreurs, plus d’efficacité, et une meilleure satisfaction client.

La qualité des données est un investissement continu, mais c’est aussi le socle de toute stratégie data ambitieuse. Une gouvernance efficace commence par un diagnostic précis. Et un diagnostic précis commence toujours… par de bons indicateurs.

FAQ – KPI de qualité des données

Qu’est-ce qu’un KPI de qualité des données ? +

Un KPI (Key Performance Indicator) de qualité des données est un indicateur mesurable qui permet d’évaluer la fiabilité, la cohérence et la pertinence des données d’une organisation. Il transforme une perception subjective (“nos données sont mauvaises”) en mesure objective et comparable dans le temps.

Pourquoi suivre des KPI de qualité des données ? +

Suivre ces indicateurs permet de comprendre l’état réel du patrimoine informationnel, de prioriser les actions d’amélioration et de suivre les progrès dans la durée. Ils constituent la base d’une gouvernance de la donnée solide et d’une culture de la qualité partagée entre IT et métiers.

Quels sont les KPI les plus utilisés pour mesurer la qualité des données ? +

Les cinq KPI les plus courants sont :

  • Taux de complétude : mesure la part de champs correctement renseignés.
  • Taux d’exactitude : évalue la conformité des données à une source de référence.
  • Taux d’unicité : identifie la présence de doublons ou d’enregistrements multiples.
  • Taux de cohérence : vérifie la logique entre plusieurs valeurs ou systèmes.
  • Taux d’actualité : contrôle la mise à jour et la fraîcheur des informations.
Comment choisir les KPI de qualité des données pour son organisation ? +

Les KPI doivent être sélectionnés en fonction des objectifs métiers et des risques associés aux données. Par exemple, un service marketing surveillera davantage l’exactitude et l’actualité des données clients, tandis qu’un service financier se concentrera sur la cohérence et la complétude.

Quel est un bon score de qualité des données ? +

Il n’existe pas de seuil universel. En général, un taux supérieur à 95 % sur les données critiques est considéré comme satisfaisant. Mais chaque domaine doit définir ses propres seuils de tolérance en fonction de ses usages et de ses exigences métiers.

Comment interpréter les KPI de qualité des données ? +

Les indicateurs doivent être analysés ensemble. Un taux de complétude élevé ne garantit pas une exactitude parfaite. L’interprétation repose sur la comparaison entre plusieurs KPI, la recherche des causes d’écart et la priorisation des actions d’amélioration.

Quels outils permettent de suivre les KPI de qualité des données ? +

Des outils de data profiling et de contrôle d’intégrité (comme KNIME, Talend, Informatica ou Ataccama) facilitent la collecte automatique des KPI, la détection d’anomalies et la production de tableaux de bord de suivi.

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