DATA MANAGEMENT
22/10/2025
Data ownerPhoto de Marie de Vesvrotte
Marie de Vesvrotte
Responsable Marketing

Data Owner, Data Steward, Data Custodian : le triptyque pour réussir sa gouvernance des données

Si votre entreprise a déjà entamé une démarche de gouvernance des données, vous avez sans doute entendu ces trois intitulés revenir sans cesse : Data Owner, Data Steward, Data Custodian. Trois rôles différents, parfois confondus, mais indispensables pour donner de la cohérence à la gestion de la donnée.

Et pour cause : à mesure que les organisations multiplient les sources, les systèmes et les usages, la donnée devient un actif à la fois stratégique, complexe et vulnérable. Sans règles claires, elle se fragmente, perd de sa fiabilité et finit par alimenter plus de doutes que de décisions.

C’est ici que le triptyque Data Owner, Data Steward, Data Custodian entre en scène. Il structure la chaîne de responsabilité autour de la donnée, du “pourquoi” (sa valeur métier) au “comment” (sa mise en œuvre technique).

Le Data Owner : la voix du métier et garant de la valeur

Le Data Owner est le véritable porte-voix du métier. Son rôle dépasse largement la simple supervision : il définit la valeur que l’entreprise souhaite tirer de ses données et s’assure qu’elles servent les objectifs stratégiques.

Concrètement, le Data Owner représente la vision métier : il décide comment une donnée doit être utilisée, protégée et interprétée. Issu d’un département fonctionnel — finance, marketing, RH ou opérations —, il connaît les processus, les besoins et les contraintes qui façonnent la donnée au quotidien. C’est lui qui arbitre lorsqu’il faut choisir entre deux définitions, prioriser un usage ou aligner les règles avec les enjeux réglementaires.

Chez Limpida, nous aimons dire que le Data Owner répond à trois questions essentielles : Pourquoi cette donnée existe-t-elle ? À quoi sert-elle ? Quelle valeur crée-t-elle ? Ces trois interrogations simples structurent la gouvernance autour du sens, et non de la seule conformité.

Ses responsabilités clés :

  • Définir les règles de gestion : il fixe les standards de qualité et de cohérence (exactitude, complétude, fraîcheur) applicables à son périmètre.
  • Garantir la conformité : il veille à ce que les données respectent le RGPD, les normes sectorielles et les politiques internes de l’entreprise.
  • Arbitrer les priorités : lorsqu’un conflit d’usage survient entre équipes, c’est lui qui tranche pour maintenir la cohérence métier.
  • Collaborer avec la DSI et les métiers : il traduit les besoins opérationnels en exigences data concrètes et exploitables.

💡 Notre conseil

Choisissez des Data Owners capables de dialoguer aussi bien avec les métiers qu’avec la DSI. Ce sont eux qui font le lien entre la stratégie data et la réalité opérationnelle. Les meilleurs sont souvent ceux qui savent vulgariser la complexité, sans jamais la simplifier à l’excès.

Un bon Data Owner ne se contente pas d’assurer la conformité : il oriente la donnée vers la création de valeur. Il ne se demande pas seulement si la donnée est correcte, mais si elle sert la performance de l’entreprise.

Le Data Steward : le gardien opérationnel de la qualité des données

Si le Data Owner donne le cap, le Data Steward en assure la trajectoire. Il est celui qui veille, jour après jour, à la bonne application des règles de gouvernance. Là où le premier pense stratégie, le second agit dans le concret : il transforme les principes en pratiques, les politiques en processus.

Le Data Steward connaît les systèmes, les flux et les référentiels. Il sait où la donnée naît, comment elle circule et à quel moment elle risque de se dégrader. Il intervient au cœur des opérations, souvent dans l’ombre, pour garantir que chaque donnée utilisée par les métiers est fiable, cohérente et documentée. C’est lui qui entretient la confiance dans le patrimoine informationnel de l’entreprise.

Dans une organisation mature, le Data Steward travaille main dans la main avec les Data Owners et le Data Office. Il traduit leurs directives en contrôles mesurables et en processus concrets. Il s’assure que les anomalies détectées ne restent pas sans réponse et que les utilisateurs disposent de définitions partagées.

Ses principales missions :

  • Surveiller la qualité des données : il conçoit des indicateurs de complétude, d’exactitude et de cohérence, identifie les écarts et suit les plans d’action correctifs.
  • Documenter et enrichir le référentiel : il maintient à jour le glossaire métier, les métadonnées et la cartographie des sources, garantissant ainsi la transparence sur l’origine et le sens de chaque donnée.
  • Assurer la cohérence inter-systèmes : il veille à ce que les données circulent sans distorsion entre applications et que les définitions restent uniformes d’un domaine à l’autre.
  • Accompagner et former les utilisateurs : il sensibilise les équipes aux bonnes pratiques et favorise l’adoption d’une culture de la donnée responsable.

Le Data Custodian : le pilier technique et sécuritaire de la donnée

Si le Data Owner incarne la vision métier et le Data Steward la rigueur opérationnelle, le Data Custodian représente la garantie technique. Il est le gardien des infrastructures, celui qui veille à ce que les règles de gouvernance soient réellement appliquées dans les systèmes. Sans lui, les principes resteraient théoriques.

Le Data Custodian travaille au plus près de la DSI, des architectes et des équipes d’exploitation. Il supervise les environnements techniques où résident les données — bases, entrepôts, lacs ou plateformes cloud — et s’assure que leur intégrité, leur sécurité et leur disponibilité soient garanties. Son champ d’action couvre aussi bien la gestion des accès que la mise en œuvre des standards techniques de gouvernance.

C’est un rôle souvent sous-estimé, alors qu’il est indispensable pour passer de la politique à la réalité. Le Custodian transforme la gouvernance en configuration : il paramètre les droits, les logs, les sauvegardes, les contrôles d’intégrité. Il fait le lien entre les équipes IT et les responsables de la donnée, traduisant les exigences métiers en exigences techniques.

Ses principales missions :

  • Gérer les accès et les droits utilisateurs : il s’assure que seules les personnes autorisées peuvent consulter, modifier ou extraire certaines données.
  • Sécuriser l’infrastructure : il met en œuvre des mécanismes de chiffrement, de sauvegarde et de traçabilité pour prévenir les risques de perte ou de fuite.
  • Garantir la disponibilité et la performance : il veille à ce que les données soient accessibles à tout moment et que les systèmes résistent à la charge.
  • Appliquer les standards techniques de gouvernance : il met en conformité les environnements avec les politiques internes, les référentiels de sécurité et les bonnes pratiques IT (cloud, data warehouse, APIs, etc.).

💡 Notre retour d’expérience 

Nous voyons trop souvent les Data Custodians intervenir tardivement, une fois l’architecture déjà définie. Or, leur expertise technique permet d’anticiper les contraintes, d’optimiser la performance et d’éviter les révisions coûteuses. Les impliquer dès les premières étapes d’un projet data, c’est assurer la fiabilité dès la conception.

Trois rôles, une même ambition : faire de la donnée un actif stratégique

Pris isolément, ces trois rôles pourraient sembler cloisonnés : le Data Owner donne la direction, le Data Steward veille à la qualité, le Data Custodian assure la sécurité et la disponibilité. Mais leur véritable force réside dans leur complémentarité. Ensemble, ils forment une chaîne de responsabilité continue, qui couvre l’ensemble du cycle de vie de la donnée — de sa définition à son exploitation.

Chez Limpida, nous observons que les organisations les plus matures ont su mettre en place cette articulation claire entre vision, exécution et technologie. C’est ce qui leur permet de passer d’une gouvernance “subie” — où chacun agit dans son périmètre — à une gouvernance “orchestrée”, où chaque rôle contribue à la performance globale de l’écosystème data.

Rôle Perspective Responsabilités principales Interlocuteurs clés
Data Owner Métier Définit les règles, valide les usages, assure la conformité. Direction métier, Chief Data Officer
Data Steward Opérationnelle Applique les règles, surveille la qualité, documente la donnée. Data Owner, Data Engineer
Data Custodian Technique Gère la sécurité, l’accès et l’infrastructure. DSI, Architecte, Sécurité IT

Ce tableau n’est pas qu’organisationnel : il reflète une philosophie de gouvernance.

  • Le Data Owner définit le pourquoi : la raison d’être et la valeur de la donnée.
  • Le Data Steward incarne le comment : les processus et contrôles qui garantissent sa qualité.
  • Le Data Custodian s’assure du et du avec quoi : l’environnement technique dans lequel la donnée vit et se déplace.

💡 Conseil Limpida :

Les zones grises sont l’ennemi de la gouvernance. Formalisez clairement les interactions entre ces rôles — à travers une charte de gouvernance, un RACI ou des rituels communs. Ces outils favorisent la collaboration et évitent que les responsabilités ne se chevauchent ou ne s’effacent.

C’est cette symbiose entre métier, opération et technique qui permet aux entreprises de passer d’une gestion défensive de la donnée à une gouvernance proactive, tournée vers la création de valeur et la confiance.

Vers une gouvernance collaborative et intégrée

Dans les organisations matures, la gouvernance des données n’est plus un sujet de contrôle, mais un levier de collaboration. Les rôles de Data Owner, Data Steward et Data Custodian ne fonctionnent pas en silos : ils s’inscrivent dans une structure plus large, souvent pilotée par le Chief Data Officer (CDO) ou le Data Governance Manager, qui en assure la cohérence et la coordination.

Le CDO définit la stratégie globale, fixe le cadre et les priorités.
Les Data Owners incarnent la vision métier : ils traduisent les objectifs de l’entreprise en besoins de données tangibles.
Les Stewards et Custodians, quant à eux, en assurent la mise en œuvre opérationnelle et technique.

Cette dynamique crée un écosystème gouverné à la fois descendant et ascendant :

  • Descendant (policy-driven), lorsque les politiques et standards sont portés par le Data Office pour garantir la conformité et la cohérence à l’échelle de l’entreprise.
  • Ascendant (usage-driven), lorsque les métiers s’approprient les données, identifient de nouveaux cas d’usage et contribuent activement à leur amélioration.

💡 Conseil Limpida :

La gouvernance collaborative n’est pas qu’une question d’organigramme. Elle repose sur des rituels de communication clairs : comités data, revues de qualité, arbitrages métiers, points d’échange réguliers entre la DSI et les équipes métiers. Ces espaces de dialogue structurent la relation et transforment la gouvernance en véritable mécanisme d’apprentissage collectif.

Les entreprises qui réussissent à instaurer cette gouvernance intégrée partagent toutes un même état d’esprit : elles considèrent la donnée comme une responsabilité partagée. Chacun agit dans son domaine, mais avec une vision commune — celle d’une donnée qui circule librement, en confiance, et alimente les décisions à tous les niveaux de l’organisation.

Cloud, Data Mesh, IA : la nouvelle ère du triptyque Data Owner – Data Steward – Data Custodian

La gouvernance des données n’est pas figée : elle évolue au rythme des technologies, des usages et des attentes des entreprises. 

Les rôles de Data Owner, Data Steward et Data Custodian s’adaptent à de nouveaux environnements — cloud, architectures décentralisées, IA générative — qui redéfinissent leurs frontières et leurs interactions.

1. L’ère du Data Mesh : la gouvernance distribuée

Avec le modèle Data Mesh, chaque domaine devient responsable de ses propres “produits de données”. Le Data Owner gagne alors en importance : il n’est plus seulement garant d’un périmètre métier, mais véritable propriétaire produit de la donnée. Il définit les besoins, pilote la qualité et s’assure que son domaine livre des données prêtes à être consommées par d’autres.

Le Steward, de son côté, endosse un rôle d’animateur de communauté, veillant à l’harmonisation entre domaines. Quant au Custodian, il contribue à la mise en place d’une infrastructure partagée, qui facilite la gouvernance sans l’imposer.

2. Le cloud et le DevSecOps : la sécurité en continu

La migration vers des plateformes cloud a transformé la mission du Data Custodian. Il ne s’agit plus seulement d’administrer des bases de données, mais de sécuriser des environnements hybrides et dynamiques. Les Custodians travaillent désormais selon les principes du DevSecOps, intégrant la sécurité dès les phases de développement. Ils gèrent les clés de chiffrement, les politiques d’accès, la supervision et la résilience — autant d’enjeux critiques dans des architectures distribuées et multi-cloud.

3. L’automatisation et l’IA : vers un pilotage intelligent de la qualité

Les Data Stewards bénéficient aujourd’hui d’une nouvelle génération d’outils — Data Catalogs, Data Quality Monitoring, Metadata Management — qui automatisent une partie de leurs tâches. Les algorithmes détectent désormais les incohérences, suggèrent des corrections ou identifient les doublons. Le rôle du Steward s’oriente donc vers plus de pilotage et de coordination, avec une valeur ajoutée centrée sur l’analyse et la pédagogie.

4. Vers une collaboration augmentée

À mesure que les outils deviennent plus intelligents, les frontières entre les trois fonctions s’estompent. Dans les organisations les plus avancées, Owner, Steward et Custodian forment des équipes mixtes, réunies autour d’objectifs communs : fiabilité, conformité, réutilisabilité. Cette approche collaborative, soutenue par le CDO, transforme la gouvernance en mécanisme d’innovation continue.

FAQ – Data Owner, Data Steward, Data Custodian

Quelle est la différence entre un Data Owner, un Data Steward et un Data Custodian ? +

Ces trois rôles se distinguent par leur position dans la chaîne de responsabilité autour de la donnée. Le Data Owner représente la vision métier : il définit la valeur, les usages et les règles de gestion de la donnée. Le Data Steward traduit ces règles en pratiques concrètes et veille à la qualité opérationnelle. Le Data Custodian en assure la mise en œuvre technique et sécuritaire, garantissant la disponibilité et la conformité dans les systèmes.

Le Data Owner doit-il être un expert technique ? +

Non. Le Data Owner vient généralement des métiers (finance, RH, marketing…). Son rôle n’est pas de gérer les systèmes, mais de définir la valeur métier et les règles d’usage des données. Il doit cependant comprendre les enjeux techniques pour dialoguer efficacement avec la DSI et les Custodians.

Le Data Steward est-il un poste à plein temps ? +

Cela dépend de la maturité de l’organisation. Dans les structures avancées, le Data Steward est un rôle à part entière, parfois réparti par domaine (finance, client, produit…). Dans d’autres, cette responsabilité peut être intégrée à une fonction existante, comme celle d’un analyste ou d’un chef de projet data.

À quel moment faut-il désigner un Data Custodian ? +

Dès la conception d’une architecture data. Le Custodian intervient sur les accès, la sécurité, la performance et la conformité technique. Trop souvent mobilisé trop tard, il devrait être impliqué dès les premières phases pour éviter des révisions coûteuses et garantir la fiabilité des données dès leur création.

Comment le Data Steward, le Data Owner et le Data Custodian s’articulent-ils avec le Chief Data Officer (CDO) ? +

Le CDO définit la stratégie et le cadre global de gouvernance. Les Data Owners portent la vision métier et expriment les besoins. Les Stewards et Custodians assurent l’exécution opérationnelle et technique. Le CDO orchestre cette collaboration pour garantir cohérence et performance.

Comment éviter les chevauchements entre Data Steward, Data Owner et Data Custodian ? +

En formalisant clairement les responsabilités via un RACI, une charte de gouvernance ou des rituels de coordination. Cela clarifie le “qui fait quoi”, renforce la collaboration et évite les zones grises, principales causes de dysfonctionnement dans la gouvernance.

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