ARCHITECTURE
24/9/2025
Data LakehousePhoto de Marie de Vesvrotte
Marie de Vesvrotte
Responsable Marketing

Data Lakehouse : entre data lake et data warehouse

Dans cet article, nous allons voir ce qui rend le data lakehouse unique, en détaillant son architecture, ses avantages et les défis liés à son adoption. 

Cette approche hybride vise à concilier deux mondes longtemps opposés : la flexibilité et le faible coût du data lake, et la performance et la gouvernance du data warehouse. L’objectif est clair : centraliser, rationaliser et exploiter pleinement toutes les données de l’organisation, qu’elles soient massives, variées ou critiques.

Qu’est-ce qu’un Data Lakehouse ?

Un data lakehouse est une architecture moderne de gestion des données. Elle combine :

  • la capacité des data lakes à stocker à grande échelle, dans des formats ouverts et peu coûteux, tous types de données (structurées, semi-structurées et non structurées) ;
  • la robustesse des data warehouses en matière de performance, de gouvernance et de fiabilité pour le reporting et l’analytique.

Concrètement, un lakehouse se distingue par plusieurs caractéristiques clés :

  • Prise en charge de tous les types de fichiers : il peut stocker et analyser aussi bien des données transactionnelles (CSV, Parquet, Avro) que des images, vidéos ou documents texte (PNG, MP4, TXT). Cette polyvalence en fait une plateforme adaptée aussi bien au reporting opérationnel qu’à l’IA.
  • Formats ouverts et interopérabilité : en s’appuyant sur des standards comme Apache Parquet, Iceberg ou ORC, un lakehouse évite le verrouillage propriétaire. Il s’intègre naturellement avec des moteurs de calcul tels que Spark et peut être exploité via SQL, Python, Scala ou R par différents profils — de l’analyste métier au data scientist.
  • Qualité et fiabilité des données : l’application de schémas et de règles de validation garantit la cohérence des données ingérées. De plus, le support des transactions ACID apporte de vraies garanties :
    • Atomicité : une transaction est soit entièrement validée, soit annulée, jamais partielle.
    • Cohérence : les modifications respectent des règles prédéfinies, évitant toute corruption.
    • Isolation : plusieurs traitements parallèles n’interfèrent pas entre eux.
    • Durabilité : les changements validés sont sauvegardés de manière permanente, même en cas de panne.
  • Gouvernance renforcée : avec un suivi détaillé du lineage, une gestion avancée des métadonnées, des contrôles d’accès fins et des journaux d’audit précis, le lakehouse offre une visibilité complète sur l’utilisation des données.
  • Découplage du stockage et du calcul : cette séparation apporte une plus grande flexibilité et une meilleure maîtrise des coûts, en permettant de faire évoluer indépendamment l’un ou l’autre en fonction des besoins.
  • Support de l’analytique temps réel : en capturant des flux de données en streaming, il devient possible de produire des insights dès leur arrivée, plutôt que d’attendre des traitements batch.
  • Accélérateur pour l’IA : en unifiant des données variées et en enrichissant les métadonnées, le lakehouse prépare directement les cas d’usage avancés. Il prend en charge aussi bien les ressources de calcul classiques (CPU) que spécialisées (GPU, TPU), avec des contrôles de sécurité adaptés aux environnements sensibles.

Le data lakehouse se présente comme une réponse aux limites des architectures traditionnelles. Il apporte la promesse d’un environnement unique où cohabitent stockage massif, gouvernance rigoureuse, analytique avancée et préparation à l’intelligence artificielle.

Quelle différence avec un Data Warehouse ou un Data Lake ?

Un data lakehouse combine les atouts des entrepôts et des lacs de données, offrant un stockage unifié sans sacrifier ni la structure ni la flexibilité.

Contrairement à un data warehouse, il peut stocker à moindre coût des données brutes non structurées. Contrairement à un data lake, il apporte une gestion fiable des données, ce qui facilite leur analyse et leur interrogation.

Qu’est-ce qu’un Data Warehouse ?

Les data warehouses existent depuis les années 1980. Ils reposent sur une architecture relationnelle, pensée pour consolider les données issues de multiples systèmes (ERP, CRM, finance, etc.) dans un schéma strictement défini. L’objectif : produire des indicateurs fiables et alimenter la business intelligence.

On y trouve souvent des “golden records” — des données nettoyées, dédupliquées et validées, qui servent de référence unique pour les décisions stratégiques.

Les limites principales du data warehouse : 

  • Coût élevé : stocker et traiter de gros volumes de données est onéreux.
  • Manque de flexibilité : difficile de gérer des données non structurées (images, vidéos, logs…).
  • Streaming limité : peu adapté aux usages en temps réel.
  • Rigidité : intégrer une nouvelle source de données peut vite devenir un casse-tête.

Qu’est-ce qu’un Data Lake ?

Les data lakes sont apparus dans les années 2010 pour contourner ces limites. Ils permettent de stocker des volumes massifs de données, dans des formats ouverts (CSV, JSON, Parquet, vidéos, fichiers audio…), à un coût bien inférieur à celui des entrepôts.

Contrairement aux entrepôts, ils ne forcent pas un schéma à l’écriture (schema-on-write), mais l’appliquent seulement à la lecture (schema-on-read). Cette souplesse a ouvert la porte à de nouveaux usages, notamment l’IA et le machine learning.

Les limites principales du data lake : 

  • Exploitabilité réduite : requêtes SQL possibles, mais souvent avec des outils additionnels.
  • Qualité variable : sans règles de validation, les données se dégradent rapidement.
  • Manque de gouvernance : contrôle d’accès limité, peu de traçabilité.
  • Risque de “data swamp” : données non documentées qui s’accumulent et deviennent inutilisables.

Le Data Lakehouse : combiner les forces des deux

Pendant des années, les organisations ont tenté de jongler avec une architecture à deux étages : un data lake pour stocker et un data warehouse pour analyser. Mais ce modèle engendre des coûts supplémentaires, des duplications de données et une complexité technique inutile.

Le data lakehouse propose une alternative plus fluide : réunir dans une seule plateforme les capacités de stockage massif et peu coûteux du data lake avec la gouvernance et la performance analytique du data warehouse.

Ce que cela change concrètement :

  • Une seule source de vérité pour tous les types de données.
  • Moins de duplication, donc moins de coûts et de risques d’incohérences.
  • Des données prêtes à la fois pour le reporting BI, l’analytique temps réel et les cas d’usage avancés en IA.
  • Une architecture plus simple à maintenir et à faire évoluer.

Les avantages du Data Lakehouse

Le premier bénéfice d’un lakehouse réside dans la qualité et la fiabilité des données. Contrairement à un data lake brut, cette architecture impose des schémas et applique des règles de validation. Résultat : les données restent cohérentes, gouvernées et exploitables, quel que soit leur volume ou leur format.

Le deuxième avantage tient à l’optimisation des coûts. En stockant toutes les données en un seul endroit, on évite les silos techniques et les duplications inutiles. Cette centralisation réduit les dépenses d’infrastructure tout en simplifiant la gestion quotidienne.

Un autre point fort est le support intégré des usages variés, qu’il s’agisse de la business intelligence classique ou de l’analytique avancée. Grâce à des formats ouverts et interopérables, les mêmes données peuvent alimenter à la fois un tableau de bord de ventes, un modèle de machine learning ou une expérimentation en IA, sans étapes intermédiaires complexes.

Le lakehouse permet également de gagner en agilité. Les équipes métiers comme techniques accèdent à une plateforme unifiée, capable de répondre aussi bien aux besoins quotidiens de reporting qu’aux projets prédictifs. Cette souplesse accélère la prise de décision et favorise la collaboration entre profils différents.

Enfin, son architecture ouverte offre une vraie liberté vis-à-vis des éditeurs. Les données reposent sur des standards (Parquet, Iceberg, ORC), ce qui facilite l’intégration avec différents outils et moteurs de calcul, tout en limitant les risques de verrouillage technologique.

Finalement, le data lakehouse ne se contente pas de combiner deux modèles existants. Il propose une approche plus rationnelle et plus efficace : une seule plateforme, des coûts maîtrisés, une gouvernance robuste et une capacité à servir aussi bien la BI que l’intelligence artificielle.

Architecture d’un Data Lakehouse

Un data lakehouse n’est pas qu’un simple stockage avec une couche de BI par-dessus. C’est une architecture composée de plusieurs briques techniques qui travaillent ensemble pour garantir performance, gouvernance et scalabilité.

1. Ingestion des données

Les données arrivent depuis une multitude de sources : applications métier, ERP, CRM, objets connectés, logs applicatifs, fichiers plats… Elles peuvent être chargées de trois façons :

  • Batch : traitements planifiés (quotidiens, horaires…) pour ingérer de gros volumes. Outils typiques : ETL/ELT (dbt, Talend, Fivetran, Airbyte).
  • Streaming : ingestion continue de flux de données temps réel (capteurs IoT, logs applicatifs, transactions bancaires). Outils typiques : Apache Kafka, Apache Flink, Spark Structured Streaming.
  • Connecteurs prêts à l’emploi : APIs SaaS, bases de données relationnelles, systèmes de fichiers.

Ici, l’objectif est de capturer la donnée sans perte, en la normalisant au minimum et en la cataloguant dès l’entrée pour garantir traçabilité et gouvernance (lineage dès l’ingestion).

2. Stockage

Au cœur du lakehouse, le stockage se fait dans des formats de fichiers colonne ouverts et optimisés pour l’analytique (Parquet, Delta Lake, Iceberg, ORC). Ces formats apportent :

  • Une compression et un encodage efficaces pour réduire les coûts.
  • Un partitionnement qui permet d’accéder sélectivement aux données sans relire toute la table.
  • Une évolution flexible des schémas.
  • Le support natif de mécanismes avancés comme le time travel  (possibilité de requêter l’état des données à une date précise) et les transactions ACID, améliorant la fiabilité lors des mises à jour.

Le stockage est souvent assuré par les clouds :

  • AWS S3, Azure Data Lake Storage, Google Cloud Storage, capables de gérer des pétaoctets à faible coût.
  • Le calcul étant découplé, le stockage est quasi infini et peu cher, mais demande une bonne gouvernance pour ne pas devenir un “data swamp”.

3. Métadonnées et gestion des tables

C’est le cerveau du lakehouse. Des systèmes comme Delta Lake, Apache Iceberg ou Hudi ajoutent une couche de gestion transactionnelle par-dessus les fichiers bruts. Elle apporte les fonctionnalités d’un entrepôt de données :

  • Indexation et statistiques pour optimiser les requêtes.
  • Validation et évolution des schémas, garantissant à la fois cohérence et flexibilité.
  • Transactions ACID détaillées (atomicité, cohérence, isolation, durabilité) pour sécuriser la fiabilité des mises à jour.
  • Gouvernance avancée : contrôle d’accès (RBAC/ABAC), audits, lineage.
  • Caching distribué pour améliorer la latence.
  • Data versioning & time travel pour auditer et rejouer des analyses passées.

C’est cette couche qui transforme un simple stockage en tables exploitables et gouvernées.

4. Moteurs de calcul et APIs

Les données du lakehouse sont exposées à travers plusieurs interfaces :

  • SQL : pour les utilisateurs métiers et la BI.
  • APIs (REST, ODBC, JDBC) : pour intégrer les données dans des applications tierces.
  • Frameworks distribués : Spark, Presto, Trino pour les traitements massifs.
  • Langages analytiques : Python, Scala, R pour la data science et l’IA.

Cette interopérabilité permet de brancher directement des outils comme Power BI, Tableau ou des notebooks Jupyter.

Cette ouverture garantit que le même socle de données sert à la fois au reporting classique et aux cas d’usage avancés (prévisions, détection d’anomalies, modèles d’IA).

5. Consommation

Les utilisateurs finaux exploitent le lakehouse via :

  • BI et reporting : Power BI, Tableau, Looker, connectés directement aux tables du lakehouse.
  • Machine learning & IA : notebooks (Jupyter, Databricks), frameworks (TensorFlow, PyTorch).
  • Analytique avancée : détection de fraude, moteur de recommandations, maintenance prédictive.
  • Applications métiers : APIs qui exposent directement des indicateurs calculés à des CRM, ERP ou plateformes e-commerce.

Le tout se fait à partir d’une même base de données unique et fiable, sans duplication.

6. Découplage stockage / calcul

L’un des grands atouts du lakehouse est ce découplage. Le stockage peut croître à l’infini à faible coût, tandis que la puissance de calcul s’adapte dynamiquement selon la charge  (clusters élastiques, autoscaling). Résultat : une scalabilité élastique et un contrôle fin des coûts — vous payez la puissance de calcul uniquement quand elle est utilisée.

Cela permet de supporter des usages très différents : une simple requête SQL quotidienne par un analyste, ou un entraînement de modèle IA gourmand en GPU, sans changer l’architecture.

Technologies et alternatives

Plusieurs solutions technologiques permettent aujourd’hui de mettre en œuvre un data lakehouse, chacune avec ses forces et ses limites.

Databricks est l’un des pionniers du modèle. Sa technologie Delta Lake, open-source, repose sur des formats ouverts et s’intègre de manière fluide aux grands clouds (AWS, Azure, GCP). Elle apporte une gestion avancée des tables, des transactions ACID et un support natif des cas d’usage analytiques et IA.

Snowflake se positionne différemment : c’est une plateforme cloud entièrement managée, connue pour son micro-partitionnement qui optimise le stockage et les performances de requêtes. En revanche, elle repose sur une technologie propriétaire, ce qui peut limiter la flexibilité en cas de besoin d’interopérabilité ou de portabilité.

Azure Synapse associé à Azure Data Lake offre une intégration étroite à l’écosystème Microsoft. Cette solution séduit les organisations déjà fortement équipées en technologies Microsoft, mais elle reste fermée par rapport aux standards open-source.

Amazon Redshift combiné à S3 permet de tirer parti de la puissance d’un entrepôt cloud et du stockage objet d’AWS. Une solution robuste, mais qui reste basée sur des briques propriétaires, avec moins de liberté qu’un modèle open-source.

Enfin, il est possible d’opter pour des architectures hybrides. Par exemple, combiner Amazon S3 pour le stockage et Databricks Delta Lake pour la gestion transactionnelle des tables. Cette approche permet de bénéficier de la souplesse du stockage objet cloud tout en ajoutant une couche de gouvernance et de performance digne d’un data warehouse.

Migration vers un Data Lakehouse

Passer d’une architecture traditionnelle à un data lakehouse offre flexibilité, évolutivité et réduction des silos. Mais une telle migration ne s’improvise pas : elle demande une préparation méthodique et des choix techniques clairs.

La première étape consiste à simplifier la gestion des accès et des droits. Mettre en place un modèle robuste (RBAC ou ABAC) et automatiser autant que possible les processus d’authentification évite que la gouvernance ne devienne un frein.

Ensuite, il est essentiel d’optimiser l’infrastructure de calcul. Les clusters doivent démarrer rapidement, idéalement via des options serverless ou des mécanismes d’autoscaling, pour éviter des temps morts coûteux.

La qualité des données doit rester un fil conducteur : validation des schémas, tests automatisés, règles de gouvernance. Sans ces garde-fous, le risque est de transformer un lac bien organisé en un “swamp” ingérable.

Le contrôle des coûts est un autre enjeu clé. Suivre précisément la consommation de ressources et ajuster dynamiquement la puissance de calcul permet de bénéficier de l’élasticité du cloud sans mauvaises surprises budgétaires.

La migration elle-même doit être menée progressivement : commencer par des workloads ciblés, valider leur bon fonctionnement, puis élargir étape par étape. Ce mode incrémental limite les risques et facilite l’adoption par les équipes.

Enfin, privilégier les formats ouverts (Parquet, Delta, Iceberg) assure la pérennité et l’interopérabilité de la plateforme. Cela permet de gérer aussi bien des données structurées (transactions, KPI) que non structurées (vidéos, images, documents), tout en gardant une flexibilité maximale.

Le Data Lakehouse est-il fait pour votre organisation ?

Avant d’adopter un data lakehouse, posez-vous les bonnes questions :

  • Avez-vous besoin d’une plateforme unique qui serve à la fois vos tableaux de bord BI et vos projets d’IA ou de machine learning ?
  • Passez-vous trop de temps à gérer des données dupliquées ou incohérentes entre différents systèmes ?
  • Vos équipes se plaignent-elles d’un manque de visibilité sur la provenance des données (lineage) ou d’outils de gouvernance insuffisants ?
  • La sécurité et le contrôle des accès sont-ils devenus des priorités (RGPD, conformité, audit interne) ?
  • Souhaitez-vous vous affranchir de formats propriétaires et travailler avec des standards ouverts pour garder de la flexibilité ?
  • Vos coûts de stockage explosent-ils avec vos volumes de données, et cherchez-vous une solution plus scalable et économique ?
  • Vos cas d’usage évoluent-ils rapidement, nécessitant une architecture capable de supporter aussi bien du batch que du temps réel ?

 Si vous répondez “oui” à plusieurs de ces questions, il est probablement temps d’envisager sérieusement le passage à un data lakehouse.

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